“𝗟𝗮 𝗷𝘂𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗶𝗴𝗻𝗼𝗿𝗲, 𝗼𝗻 𝗶𝗴𝗻𝗼𝗿𝗲 𝗹𝗮 𝗷𝘂𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲.”

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“𝗟𝗮 𝗷𝘂𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗶𝗴𝗻𝗼𝗿𝗲, 𝗼𝗻 𝗶𝗴𝗻𝗼𝗿𝗲 𝗹𝗮 𝗷𝘂𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲.”

C’est ce que répondait Adèle Haenel dans une longue interview au journal Médiapart en 2019 alors qu’elle dénonçait les agressions subies pendant son enfance de comédienne et que Marine Turchi lui demandait pourquoi elle n’avait pas déposé plainte.

Cette réponse m’a récemment été rappelée en écoutant le riche épisode du podcast #NOUSFAIREJUSTICE de Victoire Tuaillon avec François Lavallière.

Elle a raisonné au moment d’apprendre que la jeune mineure victime d’un viol dénoncé en novembre 2014 que je devais assister devant la Cour d’assises ne souhaitait pas se présenter, ni même être entendue une seule fois au cours des quatre jours d’audience à venir.

“𝗝𝗲 𝗻𝗲 𝘃𝗲𝘂𝘅 𝗽𝗮𝘀 𝗺𝗲 𝗿𝗲𝗺𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗰̧𝗮. 𝗖𝗲𝗹𝗮 𝗳𝗮𝗶𝘁 𝗽𝗿𝗲𝘀𝗾𝘂𝗲 𝟵 𝗮𝗻𝘀.”

Le procès sans la victime est imparfait.

Mais comment ne pas la comprendre lorsqu'elle dit :

“𝗖’𝗲𝘀𝘁 𝘁𝗿𝗼𝗽 𝘁𝗮𝗿𝗱, 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗻𝗲 𝗺'𝗶𝗻𝘁𝗲́𝗿𝗲𝘀𝘀𝗲𝘇 𝗽𝗹𝘂𝘀, 𝗶𝗹 𝗻𝗲 𝗺'𝗶𝗻𝘁𝗲́𝗿𝗲𝘀𝘀𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀. 𝗝’𝗮𝘃𝗮𝗻𝗰𝗲.”

Le temps pour la justice criminelle se dérègle, il enfle.

Les moyens sont insuffisants.

Aujourd’hui en Ille et Vilaine, entre la plainte et le procès criminel c’est un minimum :

➡️ de 4 années si l’auteur est détenu provisoirement
➡️ de 6 années si l’auteur a bénéficié d’un contrôle judiciaire

Ces délais épuisent. Je ne les comprends plus, je ne les justifie plus.

Il est normal que la justice avance prudemment mais les vies ne peuvent rester si longtemps suspendues.